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    Le 27 janvier 1941

    On vient de m'offrir ce carnet. Je l'ai repéré parmi mes nombreux cadeaux. Il y avait du chocolat, des livres, une robe et ce carnet. Ce carnet c'est toi. Je dois te donner un nom. Tu t'appelleras "étoile". Comme l'étoile cousue sur mon manteau. Cette étoile est ma raison d'être, ma raison de vivre.

    Le 28 janvier 1941

    Je viens de relire ce que j'ai rédigé hier. Mais, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Esther et je suis juive. J'ai peur. Ce mot sort tout seul.

    Le 31 janvier 1941

    Etoile, je vais te dire secret. Je suis tombée amoureuse. J'ai peur qu'il ne m'aime pas, qu'il n'aime pas les juifs.

    Le 3 février 1941

    Depuis quelque temps, les juifs n'ont plus de droit. Ils n'ont plus le droit d'aller au théâtre, au cinéma, au club de sport... Ils n'ont pas le droit de sortir du ghetto. De cet affreux ghetto ou on nous enferme. Je n'aime cet isolement. Je ne supporte plus cet enfermement, cet isolement. J'ai la sensation qu'un terrible événement va se produire. Tout les juifs du ghetto sont sur leur gardes. A chaque fois qu'une voiture passe, ils courent se cacher. Des qu'il y a des cris ou que quelqu'un parle fort c'est la panique. Même moi, je ne me reconnais plus. Je ne reconnais plus mes parents, je ne reconnais plus mes sœurs. Le guerre et la peur les ont tellement changés. Nous ont tellement changés. Mes parents s'inquiètent pour moi et pour mes sœurs. Mais moi, je m'inquiète pour eux. Est-ce qu'ils seront gazés. Ils ont l'air tellement faibles, tellement frêles.

    Le 17 février 1941

    Je m'inquiète aussi pour mes sœurs. Est-ce qu'elles vont survivre dans un camp ? Un camp de travail n'est pas un lieu pour des enfants. J'ai peur de la mort. La mort. Rien que ce mot me fait frissonner. Mes grands-parents ont étés tués par les Nazis. Je les détestent avec leurs croix gammées.

    Le 23 février 1941

    A l'école ce matin, il manquait quatre élèves. Hier, il manquait un professeur. Ils ont surement été raflés. Souvent en rentrant chez moi, je pense que moi aussi ça va être mon tour. Que le lendemain je ne serais pas à l'école. Je suis perdue, seule dans cet espace vide. Mon seul compagnon : l'écriture. Ecrire pour me souvenir et ne jamais oublier. J'ai peur. Ma douleur augmente.

    Le 3 mars 1941

    On m'a renvoyée. On m'a dit que je n'avais pas ma place à l'école. J'étais une souilleuse de race. Je ne méritais pas de vivre. J'étais un porc. Voilà les mots employés par mes professeurs dans mon ancienne école. On m'a dit que je devais fréquenter des juifs, pas des allemands. Je suis leur ennemie. L'ennemie des nazis. D'Hitler. Quel fardeau !!!

     Le 6 juin 1941

    Ce matin, je suis partit à l'école. Un école juive. Je ne savais pas que je disais au revoir à mes parent pour toujours. Toujours!!!! Pendant que j'étais à l'école, il y a eu une rafle dans le quartier. Mes parents ont été emmenés au théâtre hollandais. C'est un lieu de rassemblement de juifs raflés.

     Le 18 juin 1941

    Ce soir là, quand je suis rentré chez moi, j'ai tout de suite compris ce qui c'était passé. J'aurais voulu être avec eux pour les encourager, les soutenir. Quand pour la première fois je n'entendit pas le rire de mes sœurs résonner dans l'appartement,je fondit en larmes. J'avais le cœur en morceaux.

    Le 24 juin 1941

    Je me suis fabriquée un baluchon, et je suis partit. Après de  nombreuses recherches, j'ai enfin put trouver ce lieu secret, cette cachette ou je serais en sécurité. Je me suis donc réfugiée dans ce lieu. Mais ma plus belle rencontre fut celle d'avec les résistants.

     Le 8 juillet 1941

    Je suis allée voir une amie que mon père avait chargée de trouver une cachette. C'est là que je suis entrée en contact avec la résistance. Ils m'ont coupés les cheveux, ont décousu mon étoile et m'ont rebaptiser Joséphine. J'y pense, il faudra que je te renomme "Liberté".

    Le 13 juillet 1941

    La résistance m'a trouvé la cachette d'où je t'écris. J'y suis resté 6 mois. Mais un jour les allemands sont arrivés, nous avions été trahis. Je fut emmenés à Westerbork. De là, j'ai attendu en travaillant. Attendu d'être envoyé à Auschwitz. Attendu d'aller vers la mort. Ce jour tant redouté allait pourtant arrivé.

    Le 21 août 1941

    Ce jour est arrivé. C'était un matin. J'ai entendu mon nom. Esther Krüler. J'ai donc ramassé mes affaires et je suis partit dans le train. Je ne me doutais pas que ce train me mènerait vers l'enfer.

    Le 30 septembre 1941

    Ils ont fait une sélection. Je me suis placée dans les première pour montrer que j'étais assez forte pour travailler. J'ai étais sélectionnée avec une centaine d'autre et nous sommes entrés dans des blocs. Dans ces blocs ont nous à rasées et donnés des vêtements au hasard. J'eu de la chance car mes vêtements m'allaient à peu près. Et puis, ils nous ont tatoués sur le bras un nombre. Désormais je n'étais plus Esther Krüler mais un nombre. Le nombre 160537. Ont m'a consignée dans le bloc de contaminations. J'étais la seule bien portante.

     


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    Le 29 janvier 1943

    Il y a longtemps que je n'ai pas pris la plume et pour cause. J'étais tellement épuisée des souffrances qu'on nous infligeait. Pour repas nous n'avons droit qu'à un croûton de pain rassis et un bol de soupe.  Des prisonnières sont tellement affamées que la nuit, elles mangent les cadavres de celles décédées. Elles mangent mêmes les mourantes. Je ne ferait jamais ça. Jamais, je ne deviendrait cannibale. Les Nazis espèrent que nous devenions des animaux et nous traitent comme des animaux. J'ai été relayée au confectionnement des vestes militaires. Mais bien vite, les Nazis m'ont fait faire des corvées épuisantes. Je devais porter des brouettes de pierres de 50 kilos et les emmener de l'autre côté du camp. Pour ce faire nous étions obligées de passer par l'escalier de la mort. Si nous marchions trop lentement, les Nazis bousculaient quelqu'un qui roulait jusqu'en bas. Cette personne entrenait des malheureux avec elles et plusieurs dizaines de personnes mourraient de cette façon.

    Le 5 juin 1943

    J'ai encore changée de secteur. On m'a offert comme cobaye du Dr Müller. Lors de sa dernière expérience, il m'a mit une petite cage sur le bras où des moustiques atteint du malaria tournait dans tous les sens. Grâce à mon système immunitaire très développé, j'ai pu survivre. Mais mes neuf compagnes moururent sur la quinzaine de jours qui suivirent cette expérience. Elles s'affaiblissaient de jours en jours et puis un matin, elles ne se sont plus relevées. Elles étaient morte.

    Le 31 septembre 1943

    J'étais un squelette ambulant. Je n'avais plus que la peau sur les os. En arrivant à Auschwitz, j'avais 16 ans et je pesais 54 Kilos. 8 mois plus tard, je pesais 29 kilos.

    Le 15 octobre 1943

    Aujourd'hui, comme tout les jours, les capos ont faits l'appel. Certaines était trop faibles pour marcher que nous avons dut les porter jusqu'à... Jusqu'à ce que les SS nous ordonnent de les laisser. Nous les avons donc laissées tomber pour les voir succomber à leurs blessures. Les SS les ont battues avec leurs crosses. D'autres sont tombés dans l'étang. Si elles essayaient de remonter à la surface pour survivre, les SS maintenait leur tête sous l'eau.

    Le 28 octobre 1943

    Depuis quinze jours, l'hiver c'est installé. Il neige 24 heures sur 24. Nous portons des petites chaussures qui ne tiennent pas chaud du tout. Ce sont des sortes de mocassins. Nos pieds sont frigorifiés. Il commence à geler sous l'effet du froid. Le froid engourdis nos mains, nos gestes.

    Le 30 octobre 1943

    Beaucoup ont attrapé le typhus. La nuit pour aller aux toilettes, il faut marcher sur les cadavres de celles qui sont mortes en y allant ou en y revenant. Des fois, ont marche sur des filles qui sont en train de mourir.

    Le 31 octobre 1943

    Je me sens seule. Abandonnée de tous, sans mes parents, sans mes sœurs, sans personne. J'ai faim, je suis fatiguée. Je souffre... Pourquoi tant d'horreur ? J'ai peur de mourir. Je dépéris.

    Le 26 novembre 1943

    J'ai été évacuée à Bergen-Belsen. Les conditions de vie ici, sont bien pire qu'à Auschwitz-Birkenau.

    Nous sommes plus qu'humiliées, nous sommes déshumanisé. La nuit, des fois, je repense à avant, à quand j'étais une enfant insouciante. Je repense à mes parents, je me demande ce qu'ils sont devenus. Je me demande s'ils sont encore en vie, où s'ils ont été à la chambre à gaz des leurs arrivés. Je me demande si les travaux qu'ils ont eu à faire, n'ont pas été trop dur, ou trop harassant.

    Le 24 décembre 1943

    Pour Noël, ont nous à demandés de chanter, ou de danser. Je n'ai rien fait. Ou plutôt j'ai chantée mais pas avec mon cœur, mon cœur était loin. Très loin. Il était à Amsterdam. Il se demandait où était mes parents. Mon cœur repensait aux veillées de Noël, si animées, si joyeuse ou j'étais resplendissante dans la robe que maman m'achetais chaque année avant les fêtes. Mon cœur repensait à avant.

    Le 31 décembre 1943

    C'est affreux. Plus j'y repense et plus j'ai envie de mourir. Te rends tu compte ? Je repense au jour joyeux, au fêtes que nous faisions pour le changement d'année. Mes parents me cageolait, mon oncle et ma tante aussi. Je repense à mes sœurs l'année dernière. Papa et maman avait pus leurs acheter une poupée. Elles étaient si heureuse. Maintenant, plus rien ne me rattache à la vie. Je me demande si je ne vais pas me laisser mourir. Non, il faut que je me ressaisisse. Ce serais faire le jeu des Nazis, nos ennemis. Et puis je sais que papa et maman aurait été fier de moi.

     


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