• Appuyée contre la chambranle de la fenêtre, Lucille se remémore.

    Elle se remémore tout. Ses souvenirs déjà lointains, remontant à son enfance,  douces époque envolée. Sa naïveté et son insouciance sont déjà loin derrière elle et sa bonne santé plus qu'un lointain souvenir. Le passé toujours si joyeux, toujours mieux que l'actuel présent, elle le regrette, plus que tout. En tout cas, le passé qui est mieux que son présent. Son présent si ennuyant, où tout n'est que routine et désillusion. Son quotidien si familier, où elle quitte rarement son foyer, où elle reste prostrée dans l'attente d'un lendemain qu'elle espère meilleur, mais dont elle sait pertinemment qu'il n'en sera rien.

    Ses frères et ses sœurs tous partis avant elle lui manque, plus que tout. C'est peut être pour ça aussi qu'elle trouve tout fade, sans intérêt. Une larme roule sur sa joue. Repenser au passé la rend triste, surtout quand elle pense à son futur. Ses enfants ne pouvant plus prendre soin d'elle, elle allait être placée en maison de retraite.

    Elle le sentait, elle allait devenir folle, au milieu de tout ces petits vieux séniles, enfermée dans ce mouroir. Soudain, elle sentit une présence derrière elle. Alors, Lucille se détacha de la fenêtre à contre-cœur. Puis, sans jeter un seul regard à son appartement dénudé, par peur de craquer, elle partit, s'enterrer dans un lieu où elle ne voulait pas aller. ©


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